Cours
écrit par O. CAMY
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§ 2 La représentation démocratique
§ 3 La séparation des pouvoirs
§ 4 La protection des libertés
§ 1. L'État de droit
A
Définition
On entend par État de Droit, un État dans lequel tous les individus
ou collectivités ont leurs activités déterminées
et sanctionnées par le droit.
Un
État de droit s'oppose à un État où règne
l'arbitraire, le bon plaisir du prince ; bref, l'État où certaines
personnes, autorités ne voient pas leurs activités et pouvoirs
encadrés, limités par le droit. C'est l'Etat de police.
Nota: il faut distinguer entre les notions juridique et politique de l'État de droit. La notion politique identifie État de droit et État libéral (Etat qui protège les libertés fondamentales). Cependant, les deux notions peuvent être reliées. On ne voit pas en effet comment un État qui se voudrait un État de droit au sens juridique ne serait pas aussi en partie un Etat de droit au sens politique ; au sens où il est bien obligé de respecter un minimum de libertés fondamentales tout simplement s'il veut être obéi ou être efficace.
B Historique
Un des
moments essentiels dans l'apparition de l'Etat de droit en
Occident a été la formalisation d'un principe
fameux en droit pénal : le principe de légalité
des délits et des peines. Ce principe a été
énoncé par Béccaria, juriste et économiste
italien dans son petit livre Des délits et des
peines (1764). Selon ce principe, il ne peut exister d'infraction qui ne
soit prévue dans un texte ; le juge ne peut inventer un délit
ou un crime, sous peine de trahison. Le principe de légalité a
deux conséquences heureuses :
- il permet d'établir la sécurité juridique : le délinquant
sait exactement ce qu'il risque en commettant telle ou telle infraction
- il instaure une sécurité physique en limitant le pouvoir étatique
par la loi : le juge appliquera des lois générales et ne pourra
faire d'exception pour telle ou telle personne.
L'Etat de droit a été un des buts fondamentaux des révolutionnaires
français. Ils voulaient ainsi soumettre tous les individus, même
les rois au droit. Ainsi, la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen du 26 août 1789 expose de façon solennelle des droits fondamentaux
reconnus à chaque individu ; droits qui doivent être respectés
par "tous les membres du corps social". Ces droits constituent des buts et des
limites à la fois à l'action de "toute institution politique",
précise la Déclaration.
C
Sanction
Il faut insister sur le fait que la notion d'État de droit est vide,
n'induit pas de conséquences pratiques s'il n'y a pas de sanction,
si les règles juridiques ne voient pas leur application contrôlée.
Deux contrôles cumulés ou non sont possibles :
- le contrôle politique : par exemple, aujourd'hui le président
de la République en France est le garant politique du respect de la Constitution
(art. 5) par les autres institutions politiques
- le contrôle juridictionnel : par exemple, aujourd'hui, le Conseil constitutionnel
est le garant juridictionnel du respect de la Constitution par le Parlement
(art. 61).
D. Critique
de l'Etat de droit
La notion d'Etat de droit comporte au moins deux faiblesses :
- une faiblesse constitutive : comme on l'a vu, même
l'État à travers ses institutions politiques et
administratives est soumis au droit. Or l'Etat est à l'origine
de la majorité des normes juridiques et est de plus
chargé de veiller à leur respect. Il est donc très
facile pour l'Etat de se soustraire au droit. Le principal danger pour
l'Etat de droit, c'est donc l'Etat.
[Aporie classique : il faut un gendarme pour surveiller le gendarme et ainsi
de suite...]
- une faiblesse née dans l'application : l'Etat de droit suppose que
les opérateurs du droit (notamment le juge) fassent un usage sincère,
correct du droit. Ainsi on attend du juge qu'il n'utilise pas sa fonction d'interprétation,
de jugement à des fins politiques. C'est très difficile à vérifier et à sanctionner.
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