COURS DE DROIT CONSTITUTIONNEL GÉNÉRAL
Cours
écrit par O. CAMY
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Présentation critique du droit constitutionnel occidental classique
Le droit constitutionnel occidental classique est né des Révolutions
anglaises au 17ème siècle puis américaine et française
au 18ème siècle. Ces révolutions sont à l'origine
de ses idéaux et de techniques constitutionnelles originales : la technique
du mandat représentatif théorisée en France, la technique
de la balance des pouvoirs constitutionnels développée en Angleterre...
Ce droit constitutionnel reste actuel ; mieux, il continue de s'universaliser
comme on a pu le voir à la fin du 20ème siècle : adoption
par les nouvelles démocraties d'Europe de l'Est et d’Afrique de
l’Ouest par exemple. Pourtant cette réussite du droit constitutionnel
classique occidental, sans concurrent véritable aujourd’hui, est
un phénomène trompeur. Il masque les échecs et la crise
profonde qu’il traverse.
Les échecs sont immenses. Ce droit dont l’objectif premier est
de lutter contre la barbarie, de la faire disparaître de notre horizon
d’action, a été ainsi incapable d’empêcher l’arrivée
de régimes de domination totale. Cela a été le cas en
France dès l’installation du nouveau droit révolutionnaire
en 1792 avec la Terreur. Cela a été le cas plus tard au 20ème
siècle avec l’instauration des régimes totalitaires (dont
certains survivent toujours en Chine, Corée du Nord...).
La crise que connaît ce droit est plus difficile à mettre en
évidence. Les symptômes sont les suivants :
- L’incapacité du droit constitutionnel occidental
classique à prendre en compte et éradiquer la persistance
de phénomènes totalitaires : les crimes de
génocides (Bosnie Herzégovine, Rwanda, Soudan,
Tchéchénie...), la bureaucratie d’Etat,
l’emprise de l’idéologie qui ne se traduit plus par
une soumission à une propagande d’Etat mais par une
fascination hypnotique pour le virtuel ou le spectaculaire mis en
scène par les medias, le terrorisme qui n’est plus
seulement d’Etat mais est descendu dans la société.
- La désaffection vis-à-vis des institutions crées au
moyen du droit constitutionnel classique. Cette désaffection atteint
aussi bien des régimes anciens (Cf. le taux d’abstention aux élections
américaine 40%) que des institutions nouvelles (Cf. le désintérêt
vis-à-vis de la construction européenne, voire le rejet de ces institutions).
- L’absence de véritable réponse face aux remises en cause
récentes nées du développement des intégrismes
religieux et des nationalismes ethniques qui ne sont même pas étudiés
ou si peu par les juristes occidentaux. Pourtant sont en jeu des problèmes
non résolus par le droit constitutionnel classique : le problème
de la fondation et de la légitimité des ordres juridiques, leur
rapport avec le théologique, etc.
La conséquence de cette crise est que le droit constitutionnel est
devenu une superstructure qui tourne en grande partie à vide, déconnectée
de la réalité vécue. Il est temps de procéder
à une critique radicale de ce droit. C’est pourquoi nous procéderons
à une approche non seulement analytique mais critique du droit constitutionnel
classique occidental.