SPECIAL élections US (revue de presse)
- janvier 2008 :
A commencé en Iowa
la course des primaires, première étape d'un processus électoral
qui s'étale sur près d'un an.
Le 3 janvier, les États-Unis entreront de plain-pied dans un complexe
processus électoral de près d'un an, au terme duquel le 44e président
américain prendra ses fonctions. Ce système peut paraître
par bien des aspects archaïque, exotique, voire tout à fait déroutant.
Surtout lorsque cette machine électorale se grippe, comme ce fut le cas
en 2000.
Demain débute la saison des primaires, qui ne prendra fin que dans six
mois. Le 3 juin 2008 (ou au plus tard à la fin de l'été),
il ne devra en rester qu'un, qui défendra les couleurs de chacun des
deux grands partis, démocrate et républicain, pour la Maison-Blanche.
En réalité, pour les 15 candidats en lice, la campagne a déjà
débuté depuis au moins une année, au cours de laquelle
ils ont mis sur pied des comités exploratoires pour juger de l'opportunité
d'une candidature, se sont finalement lancés, ont commencé à
rechercher des soutiens dans les premiers États à voter et ont
collecté des fonds. Alors que le mandat présidentiel n'est que
de quatre ans, la durée d'une campagne est en réalité de
deux ans.
Lors des primaires, les Américains votent pour élire non pas un
candidat, mais le plus souvent une liste de délégués, qui,
dans leur majorité, se sont engagés à voter lors de la
convention nationale du parti pour un candidat donné. Il s'agit donc
en théorie d'un scrutin indirect. En réalité, le nom du
vainqueur est généralement connu bien avant la fin des primaires,
dès que l'un d'eux remporte une majorité de délégués.
Cette année, en raison du nombre important d'États qui voteront
le mardi 5 février, le résultat pourrait être acquis
ce jour-là, le «Super Tuesday». Dans les faits, le mode de
sélection des délégués varie d'un État à
l'autre. Dans les uns, seules les personnes affiliées à un parti
votent. Dans d'autres, comme dans le New Hampshire, cette restriction ne vaut
pas. Un certain nombre d'États, comme l'Iowa, ont opté pour les
caucus, réunions théoriquement réservées aux militants
du parti, même si l'on peut s'enregistrer au moment du vote. Dans des
bibliothèques municipales, des salles ou des gymnases, les participants
débattent et négocient avant de rallier un groupe soutenant un
candidat. Contrairement aux primaires, le vote n'est pas à bulletin secret.
Des candidats indépendants, généralement peu représentatifs,
peuvent se présenter sans passer par les primaires. Mais ils ont rarement
les moyens de figurer sur les bulletins dans les cinquante États.
Dans les deux grands partis, le candidat désigné choisit un vice-président,
qui peut être un de ses anciens adversaires. L'heure n'est plus aux divisions
mais au rassemblement. À la fin de l'été, les délégués
de tous les États élus lors des primaires se retrouvent à
la convention nationale de leur parti, où ils vont confirmer lors d'un
vote le choix des électeurs. Depuis les années 1970, les conventions,
qui durent trois ou quatre jours, avec leurs temps forts soigneusement orchestrés,
sont devenues de véritables shows télévisés et constituent
une tribune de choix pour le candidat, qui livre un discours détaillant
son programme. Des milliers de journalistes vont relayer cet événement
dans tout le pays et dans le reste du monde. La convention est aussi une foire
aux donateurs et aux lobbies, qui sponsorisent des événements
en l'honneur des caciques du parti (concerts, tournois de golf et de pêche,
excursions et croisières) dont ils attendent un retour sur investissement
Deux mois plus tard, le 4 novembre, les Américains font face au
véritable enjeu avec l'élection générale. Ils choisissent
leur président. Ou plutôt une liste de grands électeurs
qui ont indiqué leur intention de vote pour un candidat. Techniquement,
il s'agit d'un scrutin au suffrage universel indirect majoritaire État
par État. Comme pour les délégués élus lors
des primaires, le nombre de grands électeurs varie en fonction du poids
démographique de chaque État (il représente la somme de
leurs représentants et sénateurs au Congrès de Washington).
La différence est que le candidat qui obtient la majorité dans
un État rafle la totalité des grands électeurs (*): c'est
le système dit du «winner takes all» («le vainqueur
rafle tout»).
Sauf contestation, le nom du président élu est en principe connu
au soir du 4 novembre, dès lors qu'il a rassemblé 270 grands
électeurs sur 538 (la moitié plus un). Ce qui n'empêchera
pas le collège des grands électeurs de se réunir un mois
plus tard pour confirmer officiellement le vote populaire. Une simple formalité,
même si l'histoire a montré que des grands électeurs ont
déjà retourné leur veste. Si ces exceptions relèvent
du cas d'école, on a déjà vu des présidents élus
par le collège électoral sans avoir la majorité du vote
populaire (voir encadré). Si toutefois aucun candidat n'atteint les 270
grands électeurs, la Constitution donne au Congrès le pouvoir
de trancher. Cela s'est déjà produit. Comme il revient alors à
la Chambre des représentants d'élire le président et au
Sénat de choisir le vice-président, les deux hommes pourraient
ne pas appartenir au même parti
Une situation de cohabitation à
la française inédite aux États-Unis
Valérie Samson
01/01/2008 | Le Figaro
Lexique des élections US
BIPARTISME : deux grands partis se partagent la scène politique, le Parti
républicain (plus conservateur) et le Parti démocrate (plus libéral).
D'autres formations, par exemple le Parti vert ou le Parti réformiste
se présentent lors des élections, mais le système électoral
fait en sorte qu'elles ne réussissent pas à faire élire
un candidat.
CAUCUS : il s'agit d'un des deux modes de sélection dont disposent le
Parti démocrate et le Parti républicain pour désigner leur
candidat pour l'élection présidentielle. Une méthode qui
varie d'un Etat à l'autre. Pour ceux qui choisissent de tenir un «caucus»
(autrement appelés primaires «fermées», réunions
internes des partis ou assemblages de comités électoraux), ce
sont aux membres du parti de décider le candidat que les délégués
soutiendront lors de la convention de leur parti. Ce mode favorise l'establishment
des partis.
GRANDS ÉLECTEURS : dans chaque État, les électeurs ne votent
pas directement pour le candidat qu'ils veulent voir président. Ils votent
plutôt pour des grands électeurs, qui forment le Collège
électoral, à qui il incombe de désigner le président.
On compte 538 grands électeurs. Cependant, dans la vaste majorité
des États, ce sont les noms des candidats à la présidence
et à la vice-présidence qui apparaissent sur le bulletin de vote,
et non ceux des grands électeurs. Pour chaque État, le nombre
de grands électeurs correspond au nombre d'élus dont il dispose
au Congrès (soit deux sénateurs plus le nombre de ses représentants
à la Chambre). Il faut ajouter à ce nombre les trois électeurs
du district de Columbia.
MAISON-BLANCHE : résidence officielle du président, située
au 1600, Pennsylvania Avenue, NW, à Washington DC. Cette demeure compte
132 pièces, dont 35 salles de bain. L'aile ouest sert de lieu de travail
au président et à son équipe. L'expression désigne
également l'administration du président.
PARTI DÉMOCRATE : une des deux principales formations politiques, le
Parti démocrate est davantage libéral que son rival. Parmi les
présidents issus du camp démocrate, dans l'histoire récente,
on peut citer en exemple Franklin D. Roosevelt (1933-1945), John F. Kennedy
(1961-1963), Jimmy Carter (1977-1981) et Bill Clinton (1993-2001). Le parti
est souvent représenté par un âne.
PARTI RÉPUBLICAIN : une des deux principales formations politiques, le
Parti républicain est davantage conservateur que son rival. Parmi les
présidents issus du camp républicain, dans l'histoire récente,
on peut citer en exemple George W. Bush (depuis 2001), Dwight Eisenhower (1953-1961),
Richard Nixon (1969-1974), Ronald Reagan (1981-1989) et George Bush père
(1989-1993). Le parti, surnommé le Grand Old Party, ou GOP, est souvent
représenté par un éléphant.
PRÉSIDENT : chef de l'exécutif, le président entre en fonction
à date fixe, soit le 20 janvier suivant son élection. Il ne peut
se présenter pour plus de deux mandats, et la durée d'un mandat
est de quatre ans. Il est aidé dans sa tâche par le Cabinet, formé
d'une dizaine de ministres non élus, et par les agences gouvernementales.
Le président américain jouit d'un pouvoir conséquent. Il
propose des lois au Congrès et peut opposer son veto à toute loi
votée par le Congrès. Il nomme ses ministres, les juges fédéraux
(dont ceux de la Cour suprême), tout comme les hauts responsables des
agences gouvernementales, et signe les traités internationaux. Il ne
peut être renversé lors d'un vote du Congrès, mais peut
néanmoins être destitué dans de rares occasions.
PRIMAIRE : il s'agit d'un des deux modes de sélection à la disposition
des deux principales formations politiques pour choisir le candidat qui les
représentera lors du scrutin présidentielle. Les règles
de sélection des prétendants à la présidence varient
d'un État à l'autre. Dans les États qui tiennent des primaires,
ce sont directement les électeurs qui votent.
TICKET : duo formé par les candidats à la présidence et
à la vice-présidence à l'issue de la convention nationale
d'un parti politique.
TSUNAMI TUESDAY : d'habitude surnommé le «super Tuesday»
ou «super duper Tuesday» (super mardi trompeur), le mardi 5 février
est pour ce scrutin qualifié de «tsunami Tuesday», en raison
du grand nombre d'Etats, une vingtaine, dont la Californie, New York et l'Ohio,
qui organiseront des primaires et des caucus ce jour-là.
04/01/2008 | Le Figaro