La fondation dun pouvoir politique est sans fond
( partir de H. Arendt, La vie de lesprit).
Texte de Ol. CAMY, UB & IEP de Paris
14/01/01
(tous les droits de reproduction sont rservs)
La fondation en tant que commencement par soi-mme rvle une difficult logique vidente : un ordre nouveau est cr
qui ne trouve pas de justification dans l'ordre ancien. Pourtant ce nouvel
ordre va simposer et sa
juridicit sera finalement
admise. Cest videmment un scandale pour la raison
technico-juridique qui ne peut admettre que le droit surgisse du fait ou d'une
violation du droit. Mais o
trouver le fondement qui manque ? Comment le fondateur peut-il justifier son droit ? La raison technico-juridique qui
cherche toujours des raisons exige quon rsolve
cette difficult.
Il y a l un
cercle vicieux selon lexpression de H. Arendt : du droit existe sans droit.
Aucune loi non positive (droit naturel ou religieux), aucune autorit extrieure (un lgislateur immortel, un tre suprme)
ne sauraient rompre ce cercle vicieux. La raison technico-juridique exige que
le droit positif justifie le droit positif sauf admettre un hiatus logique. Les rvolutionnaires franais ont tent de surmonter cette difficult, explique H. Arendt, en empruntant lAncien Rgime
(et de faon plus lointaine au
modle hbraque) lide de souverainet. Ainsi, le peuple, qualifi de souverain, serait capable de lgitimer lordre juridique nouvellement cre. Pourquoi ? parce quil est situ au-dessus de la loi constitutionnelle
et non li par elle. Il peut
ainsi dtenir un pouvoir
constituant qui nest
pas justifi par la
Constitution. Cette solution est rejete par H. Arendt mais seulement au plan de la thorie politique, au motif quelle lgitimerait un absolutisme. Du point de vue des sciences
juridiques, on peut prciser
que l'autorit du Souverain
reste infonde car aucune
norme super constitutionnelle positive ne peut justifier cette autorit (ou encore justifier que le souverain dclare son autorit comme constitutionnelle).
H. Arendt prtend que les pres fondateurs amricains en sinspirant du modle romain ont russi dpasser le cercle vicieux en faisant le postulat que l'acte mme de fondation est la source de
l'autorit[1]. Cela revient admettre que le commencement comporte son propre principe en lui-mme [2].
On comprend alors pourquoi, dans le cadre amricain, aucune norme extra ou supra
constitutionnelle, aucune autorit souveraine ninterviennent pour justifier la fondation. Une telle
solution est videmment
irrecevable pour les sciences juridiques. Selon elles, lacte de fondation en tant quacte de droit ne peut sauto-justifier. Il doit tre fond. En ralit, les sciences juridiques ne peuvent
accepter la solution de H. Arendt car, prcisment,
elles sont construites sur le postulat que tout acte juridique na dexistence que parce quil est justifi par un autre acte juridique. Mais alors, il semble quelles ne peuvent comprendre la fondation
comme libert cratrice et prendre en compte ses effets
juridiques (sauf
admettre par souci de ralisme
l'impensable : le fait s'est transform en droit).
Pour comprendre cette impuissance des sciences
juridiques, il convient dapprofondir
le principe qui les guide et les conduit rpondre
un appel la fondation complte sur des raisons [3] de la mme faon que les sciences de la nature. Ce principe est le
principe de raison dont la formulation et la critique par Heidegger informe les
analyses de H. Arendt.
Dans
Questions 1, Heidegger tente de
mettre jour ce quil appelle lՐtre-essentiel du fondement . Il montre que cet tre repose sur le principe de raison mais sans tre dfini par ce dernier. Heidegger prolongera cette tentative
notamment dans un autre ouvrage Le principe de raison o il
tend relativiser la porte ou encore lՎvidence de ce principe.
Selon le principe de raison, il ne peut y avoir de lexistant qui soit sans raison . Nihil fit sine ratione. Dans le cas contraire, selon Leibniz, cela porterait
atteinte la nature de la vrit. Quelle est cette vrit ? La vrit de la proposition ou du jugement. Soit,
la vrit prdicative. Or, ce type de vrit
est, selon Heidegger, la vrit concordance qui nous reconduit la question du fondement. En effet, les vrits - les propositions vraies ont de par leur nature rapport avec quelque chose sur le fondement et en raison de quoi elles peuvent tre autant daccords [4]. Il y a donc bien une relation entre prdication et fondement (ou raison).
Toute prdication
a videmment rapport avec
la reprsentation et la
connaissance. Cela explique pourquoi le principe de raison concerne avant tout
la connaissance (comme Leibniz lexplique lui-mme). Par extension, on peut dire, selon Heidegger, que
tout objet de la connaissance (quil soit de lordre de la nature ou de lhistoire) est soumis au principe de raison. La science
moderne, lUniversit elle-mme reprsentent
ce principe. LՐtre-rel tend ds lors sidentifier lՐtre oprant
et opr. Toute chose fonde et est fonde.
Dans Questions I Heidegger montre quil
est cependant une ralit qui chappe ce
principe ; cest la ralit
humaine [le Da-sein] en tant quelle se dpasse dans son propre dessein , donc en tant que libert.
Ainsi, la libert dfinie par Heidegger comme le fait de commencer soi-mme ne peut sappuyer sur aucune cause dterminante[5].
Dfinie de faon plus positive, la libert conue comme acte de fonder semble sappuyer sur elle-mme. Selon Heidegger, Dans cet acte de fonder, la libert donne et
prend elle-mme un fondement [6]. Or, parmi les diffrents sens de fonder distingus par Heidegger, il y aurait un sens qui
a la prsance : cest
celui dՎriger, dinstituer. Mais, instituer est entendu
par Heidegger de faon
trs large comme projeter ses propres possibilits , instituer un monde [7].
Il est vident
que H. Arendt sinspire
de cette conception de la libert comme acte de fonder qui chappe au principe de raison. Cependant, la libert est conue par elle comme essentiellement politique et donc
collective. Cette dimension collective est peine esquisse par Heidegger dans Questions I sauf
travers le concept de monde. Car le monde signifie dit Heidegger prcisment
lexistance de lՐtre
humain dans une communaut
historique [8]. Heidegger en dit plus dans Sein und Zeit o il
prcise que lՐtre-ensemble appartient originairement lՐtre-au-monde de la ralit
humaine [le Da-sein][9].
Ainsi, il apparat
que le Nous se dduit
de la manire dont la ralit humaine se dvoile
elle-mme en se donnant un
monde[10].
Il est essentiel de remarquer ici que le Nous ou lՐtre ensemble mis en avant par Heidegger
ne semble pas tre le Nous de
laction ou encore de la
fondation. Ds lors, on
comprend pourquoi lagir
notamment politique semble tre
laiss de ct par Heidegger dans Questions I et Sein und Zeit. La seule action prise en compte, comme le remarque H. Arendt, est totalement intrieure . Cest
laction par laquelle lhomme souvre la
ralit authentique dՐtre jet , ou en dautres
mots, il est ramen son vritable moi. Or cette action nexiste que dans lactivit de
penser selon H.
Arendt[11].
Mme aprs le tournant , alors que Heidegger envisage lhistoire humaine comme appartenant au royaume de lerrance en raison de la mise en retrait de ltre, le seul agir vritable semble toujours tre produit par la pense[12].
Il est vident, quՈ loppos,
H. Arendt a toujours refus de
ngliger le problme de laction en tant que telle et donc la thorie politique.
Si lon
revient sur la critique heideggerienne du principe de raison, on peut mieux
comprendre pourquoi la notion de libert comme fondation sans fond chappe aux sciences juridiques.
Ces sciences sont en effet adosses au principe de raison tout autant que
les sciences de la nature. Elles
aussi recherchent de faon effrne un fondement
toute ralit. Modelant le devoir tre sur lՐtre, elles tentent donc de toujours donner une raison toute norme ou agir norm. Cette raison est assimile une justification. Curieusement une telle assimilation
du devoir tre lՐtre nest
jamais questionne
et donc lassujettissement au
principe de raison nest
lui-mme pas remis en cause ; cela mme dans le cas du positivisme normativiste qui tend distinguer et sparer tre et devoir-tre comme deux mondes (Kelsen). Dans le cas du
positivisme raliste, il est vident que linclusion complte du juridique dans lՐtre au point de soumettre la science du
droit au principe de causalit
permet encore moins de discuter lemploi du principe de raison dans la sphre du droit.
De la mme
faon, comme pour les
sciences de la nature, le fondement assimil
une justification est considr comme un facteur explicatif (une
cause). Ainsi, la cration
dune cit, lorsqu'elle est justifie par une loi prexistante, est considre comme explique : ce qui est justifiable devient du mme coup comprhensible. De mme, comme pour les sciences de la nature, la
justification est gnralement inscrite dans une continuit temporelle ; ce qui justifie gnralement prcde
ce qui est justifi (mme si le droit admet de faon exceptionnelle linversion temporelle travers la rtroactivit).
Ds
lors, on comprend pourquoi les sciences juridiques comprennent comme une anomalie labsence
de fondation ou de justification de la premire loi dicte par les fondateurs. Cette anomalie est
dautant plus inquitante pour elles que la premire loi justifie toutes les normes
juridiques venir. Cest donc tout lՎdifice normatif qui est fragilis si le fondement ultime manque. On sait
que, seul le positivisme normativiste dinspiration kantienne (Kelsen) a admis que le travail de
fondation de la science juridique devait sarrter.
Et il autorise ce pis allez : le juriste peut poser une norme hypothtique qui justifie la premire loi ou la premire cit
(ordre du transcendantal). La science juridique suppose quun
ordre juridique ou un tat
sont fonds afin de permettre au
juriste de considrer
comme juridiques les normes dun
nouvel tat. Mais le prix payer est la rduction du droit au fait, le rabattement
du Sollen sur le Sein et une obligatorit du droit qui reste
injustifie. Tout ordre normatif
effectif sera considr comme juridique.
Au sens de Heidegger, ce rapport au rel juridique fond sur un manque peut tre analys comme relevant de lonto-thologie. Si lon transpose au plan juridique le point de vue de lonto-thologie, tout systme de droit est dfini alors comme une totalit absolue (un systme o chaque norme est justifie par une autre norme et ainsi de suite). Cela aboutit
alors faire apparatre la finitude de loprateur de droit qui ne peut fonder,
malgr ses tentatives
incessantes, toutes les normes juridiques de faon ultime. Ds lors, lagir
et la connaissance juridiques sont considrs
comme non compltement
lgitimes en raison de ce
manque. Chez Kant, cette finitude sexprime par le rapport au temps de limagination transcendantale[13].
Lonto-thologie incite rechercher cette totalit absolue par exemple travers lidentification de lhomme un
Dieu crateur situ en dehors de sa cration, en dehors du temps. H. Arendt
critique une telle identification laquelle les europens auraient recours pour expliquer ce
qui est existentiellement inexplicable, en rendre compte logiquement [14]. Ce recours la tradition hbraque
aurait encore eu lieu au milieu du Sicle des Lumire o,
pourtant, le systme
des lois tend tre entirement scularis.
La solution propose par Heidegger est celle de finitude positive [15]. Le rel
cesse dՐtre pens comme un absolu, comme une prsence totale. Il existerait une finitude
de ltre lui-mme qui se manifeste par son retrait. Ce
retrait est la manifestation de la diffrence ontologique - la diffrence entre ltre et lՎtant : soit le fait (en sexprimant de manire
trs simplifie) que le rel ne se donne jamais tout fait -. Il ny a pas ici de manque (comme un manque une essence prexistante). En termes juridiques, on
pourrait dire quil
nest pas ncessaire dadmettre lexistence, voire lide dun systme juridique o chaque norme est fonde de faon
ultime. Le rel juridique se
prsente comme trou, lacunaire. Et ce dfaut nen est pas un.
Cette notion de finitude positive est lie celle de libert comme fondement sans fond. La libert na pas tre fonde en tant quelle est ouverture ltre
(soit le lieu do est possible la question de ltre et de lՎtant). Elle exprime donc la finitude de ltre. La constitution finie de la ralit
humaine [le Dasein] nest plus en cause[16].
En termes juridiques, on pourrait dire que la
libert du fondateur manifeste la
nature de la ralit juridique elle-mme. Cette libert cratrice est
infonde et inexplicable en raison de
la structure de la ralit juridique. Il est inutile de chercher un fondement, une
explication une telle libert qui se suffit elle-mme.
Cependant, il est noter que, mme si H. Arendt aboutit
une conception trs
proche de la libert-fondation,
elle se dmarque dans La vie
de lesprit de la doctrine de ltre de Heidegger et donc ne propose explicitement
aucune transposition de cette doctrine au plan de la thorie politique ou juridique[17]. Il est clair que la libert sans fond du fondateur selon H. Arendt
diffre de la libert sans fond du Dasein. Cest
que la libert pour Heidegger
suppose une spontanit et une crativit de
lhomme qui manent de ltre. Dans LՐtre
essentiel dun fondement en
raison , Heidegger
explique que la libert
donne et prend elle-mme
un fondement dans la transcendance.
La ralit humaine se fonde au
milieu de lexistant [18]. Ainsi, ce qui est projet, institu,
est command par le rgne de cet existant [19].
H. Arendt refuse dassujettir la libert humaine aux commandements de
ltre et son histoire. Comme on la vu, elle montre que lacceptation de
cette dette ne peut se traduire que par un agir silencieux, une libert
dsubjective, srement pas par les actions bruyantes et visibles de la
vie publique [20].
Selon H. Arendt, il semble exister une possibilit dagir pour lhomme qui
nest ni lagir silencieux du penseur, ni lagir contamin par la technique, impliquant une complte calculabilit des objets grce une fondation complte en raisons. Cela implique un retour la subjectivit : ce que pense et fait lhomme dpendent de sa spontanit et de sa crativit[21].
Ds lors, la
volont humaine rhabilite peut
trouver en elle un principe, une arch, hors de toute rfrence ltre, voire
un absolu. Cest prcisment ce que les Pres fondateurs amricains auraient compris en revenant aux enseignements de
la pense politique romaine. Dans On
Revolution, H. Arendt explique que, pour
les Pres fondateurs amricains, lacte de fondation proprement humain peut tre lui-mme source
dautorit. Ainsi la rvolution amricaine aurait trouv dans le savoir antique une solution au problme de la fondation ; une solution que le savoir juridique moderne ne pouvait
lui fournir[22]. Un Nous de
laction peut faire redmarrer le temps, crer un pouvoir politique et affirmer son droit en partant
de lui-mme; cela sans recourir un absolu (du sacr)[23]
ou sans exprimer les commandements de ltre.
Mais, il semble quՈ la fin de La vie de lEsprit, H. Arendt doive affronter les vieilles apories lies ce retour une certaine subjectivit. Il nest
donc pas tonnant quelle finisse par formuler le problme de la libert dans des termes kantiens. Soit, comment
la libert humaine qui doit
trouver en elle ses propres lois est-elle compatible avec un monde rgi par le principe de raison ? Sauf considrer
comme Kant quil existe deux
ralits (le monde intelligible et le monde phnomnal), comment peut-on saisir et identifier une libert sans cause, sans fond mais qui entre
dans la chane des raisons ? Comme le prcise H. Arendt, un acte libre ne doit tre ni caus, ni affect par une chose antrieure. Mais comme il se transforme en
cause de ce qui suit, il exige une justification qui devra le dcrire comme continuation dune srie plus ancienne [24]. On semble tre revenu au point de dpart. Ds
lors, le problme de la
fondation est dcrit
comme une nigme sans solution.
Sans doute, les fondations lgendaires ont le mrite de signaler cette difficult . Mais elles ne nous donnent pas de solution. Ainsi,
selon H. Arendt, le mythe de fondation romain ne proposerait en ralit quune
fausse solution, celle de la rptition.
H. Arendt explique, que les pres fondateurs amricains, quand ils ont fouill les archives de lAntiquit romaine, auraient trouv cette ide
de rptition : il sagit de comprendre la fondation comme
une re-naissance, une re-constitution et non comme un commencement absolu. Cest de cette manire que les Romains, partir du IVme sicle (notamment Virgile, dans lEnide et
les Georgiques), auraient envisag la question : la fondation de Rome serait une re-naissance de Troie. Dans lhistoriographie romaine, il sagit toujours de reconstitutions, de r-tablissements reconstitus par un re-souvenir.[25].
Mais il est vident que
cette solution masque plutt
quelle ne rsout le problme de la fondation[26].
Au bout du compte, selon H. Arendt, labme de la pure spontanit [] tait dissimul sous un habile stratagme, typique de la tradition occidentale
[], consistant voir dans le nouveau, un nouvel nonc, amlior de lancien [27].
Pour terminer, essayons dՎclairer cette nigme en se plaant rsolument sur le terrain du droit. Remarquons que la libert-fondation considre par H. Arendt comme le fait de commencer soi-mme est assimile par elle un nous pouvons . Pourtant, en tant que cette libert-fondation est un acte de droit, elle devrait plutt tre exprime par cette expression : nous pouvons ce que nous devons faire . Montesquieu expliquait dans lEsprit des lois que dans une socit o il y a des lois, la libert ne peut consister quՈ pouvoir faire ce que lon doit vouloir [28]. Cette notion de devoir tre, oublie ou refuse par lՎpistmologie positiviste des sciences juridiques, est bien lie celle de fondation : le fondateur dans un geste de justice prend sur lui le destin des autres, celui dune communaut. Il y a l une structure formelle quil resterait explorer : le fondateur assume le destin des autres sans tre leur reprsentant ; un destin qui nest pas de son fait. Il prouve une responsabilit qui prcde sa libert ou peut tre lengendre. Ds lors la fondation se produit la fois hors labsolu, hors ltre, hors la subjectivit, sans tre pour autant arbitraire
[1] Selon H. Arendt, la
justification de lacte de fondation lՎpoque moderne diffre selon le modle
adopt. Schmatiquement, il y aurait deux modles. Le premier modle, dit
hbraque, revient justifier la fondation et tout le droit produit par elle
par une source transcendante et extrieure. Les europens, notamment les
franais, auraient eu tendance adopter ce modle. Ils posent ainsi un absolu
(le Souverain) qui est lauteur de la Constitution sans tre li par elle. Le
second modle, dit romain, justifie la fondation et le droit produit par elle
par lacte de fondation de lui-mme. Ainsi, les amricains qui auraient adopt
ce modle nont recours aucun absolu, aucun Souverain. Cest lacte
constituant adopt par la Convention amricaine qui est la seule source du
droit. Remarquons quil serait vain ici de critiquer ces deux modles au point
de vue de leur exactitude factuelle ou historique. Ils ont en
effet essentiellement une valeur idal typique.
[2] H. Arendt, On
Revolution, op. cit., p. 205.
[3] M. Heidegger,
Le principe de raison, trad. A. Prau, Paris, Tel Gallimard, 1983, p.
253.
[4] M. Heidegger,
Questions I, Ce qui fait lՐtre-essentiel dun fondement ou
raison , trad. H. Corbin, Paris, Gallimard, 1972, p. 95.
[5] M. Heidegger,
Questions I, op. cit., p. 143.
[6] Ibid., p. 144.
[7] Ibid., p. 147.
[8] Ibid., p. 127.
[9] J.
Rivelaygue, Leons de mtaphysique allemande, t. II, Grasset, Paris, 1992 p. 267.
[10] On notera que Heidegger rejette ici les approches
individualiste ou holiste des sciences humaines qui veulent reconstituer la
communaut en partant des projets isols des individus ou de totalits
cohrentes dj donnes (culture, esprit dune poque, esprit dun peuple).
Cf. J. Rivelaygue, Le problme de lhistoire dans tre et temps
in J.P. Cometti, D. Janicaud, dir., tre et temps de M. Heidegger. Questions
de mthode et voies de recherche, Sud, 1989.
[11] H. Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 503.
[12] Ibid., p.
512.
[13] Voir sur ce
point J. Rivelaygue, op. cit., p 398.
[14] H.
Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 532.
[15] Cette
solution est clarifie surtout aprs le
tournant annonc en 1949.
[16] Avant le
tournant, on ne peut dire aussi nettement que la constitution finie du Dasein nest pas en
jeu. J. Rivelaygue parle ce propos des ambiguts de Sein und Zeit , op.
cit., p. 401.
[17] Prcisons que, selon H. Arendt, le retrait de ltre (le fait que le rel
ne se donne pas compltement) conduirait ncessairement tous ceux qui veulent
agir lerrance. Il y aurait une relation entre finitude de ltre et
obscurit de lhistoire humaine.
[18] M. Heidegger, Questions I, op. cit., p . 147.
[19] Ibid., p. 145.
[20] H. Arendt, On Revolution, op. cit, p. 503.
[21] H.
Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 489.
[22] En ralit,
selon H. Arendt, les pres fondateurs amricains auraient aussi t influencs
par la conception romaine du droit, vhicule notamment pas Montesquieu.
[23] Il reste que
H. Arendt oscille sur ce point, admettant certains moments que les amricains
ont bien eu recours un absolu ou ont adopt un langage religieux.
Lhistoriographie contemporaine confirme ce recours lide dabsolu, au moins
au plan rhtorique. Cf. D. Lacorne p. 254.
[24] H.
Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 535.
[25] Daprs H. Arendt, lhistoriographie romaine interprte fondation et
constitution en termes de
rtablissement dun commencement . Cf. H. Arendt, La vie de
lesprit, op. cit., p. 536.
[26] Cela est encore plus vrai dans le cas de la Rvolution
amricaine car cette fois-ci, le commencement serait un commencement
absolu ; il nest plus question de rpter la fondation de Rome
lidentique.
[27] H. Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 542. Notons ici quՈ
loppos, la rptition au sens heideggerien nest pas une simple
rptition. Comme le remarque P.
Lacoue-Labarthe, il sagit dune rptition de ce qui nest pas
advenu . Et, cest dailleurs, ce qui rend vain dutiliser encore
le mot de stratgie . Cf. P. Lacoue-Labarthe, op. cit., p. 202.
[28] Montesquieu, De
lesprit des lois, Paris, GF-Flammarion, 1987, p. 292. Curieusement, H.
Arendt reprend cette dfinition lappui dune dmonstration visant
expliquer que la libert des hommes daction en termes de pouvoir. Elle ne
prend pas en compte le lien entre libert juridique et devoir tre. Cf. H. Arendt, La vie de lesprit, op. cit., p. 521.