Colloques



- Colloque : Les mythes de fondation et l’Europe. Publication en janvier 2013 aux EUD.  
L’histoire occidentale est jalonnée de mythes de fondation reprenant le système romain. Selon ce système, le pouvoir politique est né d’une apothéose : Romulus, roi de Rome disparaît lors d’un violent orage. Le roi devient du même coup, fils de Dieu et père de Rome. Cette fondation mythique sera reprise et développée par Tite-Live ou Virgile. Elle servira d’appui à la légende troyenne des Romains, mais aussi des Francs. Si les poètes ont chanté la fondation politique de Rome, le droit – celui des pontifes, celui des princes, mais aussi le droit coutumier – y a puisé la source de son pouvoir coercitif. Avant le temps de l’exercice du droit, il y aurait l’instant de la formation de sa légitimité ; une légitimité « pré-historique »  (M. Serres).
Curieusement, l’Europe, aujourd’hui en voie d’élaboration juridique, semble ne relever d’aucun mythe de fondation et donc
a fortiori semble échapper au système romain. Il n’est pas sûr que les poètes, malgré Goethe, Victor Hugo et d’autres, aient forgé une mythologie européenne. Pourtant, en France, des auteurs comme Jules Michelet ou Eugène Sue avaient réussi à construire le mythe de fondation du régime républicain. Comment l’Europe peut-elle, indépendamment de tout recours au logos du mythos, s’institutionnaliser ? Comment peut-elle prendre conscience d’elle-même ou s’imaginer ? Les institutions européennes, en quête d’une force fondatrice, peuvent-elles se contenter de donner plus de place au consentement au nom de leur nécessaire démocratisation tout en n’ayant aucun enracinement dans quelques symboles ou mythes ?
Le colloque organisé par le Centre Georges Chevrier, l’Université de Bourgogne, le CNRS et Sciences Po a réunii juristes, politistes, littéraires, philosophes afin d’envisager le problème crucial de la fondation de l’Europe institutionnelle. Cela à un moment où l’actualité politique européenne nous montre à quel point le lien nécessaire entre l’Europe et les Européens s’étiole, s’il a jamais existé. Il ne s’agit pas, bien sûr, de tenter de mythologiser l’Europe. Il s’agit plutôt, grâce à une « mythique concrète » (P. Ricœur), de revenir aux mythes d’origine pour comprendre comment se fabrique le pouvoir occidental. Nous pourrons alors espérer mieux percevoir les forces et faiblesses de l’Europe juridique et politique d’aujourd’hui et au bout du compte sonder sa fragilité ontologique. Cette recherche doit nous conduire d’abord à réfléchir sur la nature et la fonction des mythes de fondation, notamment à travers l'étude du système mythique romain. Elle nous amènera ensuite à revenir sur laquestion impériale et celle des racines chétiennes de l'Europe. Enfin, elle nous poussera à explorer d'autres epériences occidentales (les EU) ou orientales (le Japon).