Le décès de William Rehnquist.

Il est mort ce soir à son domicile d'Arlington en Virginie (est), entouré par ses trois enfants", a annoncé un communiqué de la Cour en évoquant la disparition du président de la Cour suprême des Etats-Unis, William Rehnquist. Son décès est intervenu en plein drame national avec la catastrophe du cyclone Katrina qui a ravagé une partie du Sud américain et submergé La Nouvelle-Orléans livrée pendant des jours au chaos.BUSH DOIT DÉSIGNER LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA COUR SUPRÊMELe président George W. Bush a été informé de la mort de M. Rehnquist un peu avant 5 heures, dimanche, (heure française) et s'est déclaré "profondément attristé", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, Jeanie Mamo. M. Bush qui a prêté serment deux fois devant M. Rehnquist pour inaugurer ses deux mandats successifs à la Maison Blanche en janvier 2001 et janvier 2005 fera une déclaration dans la journée de dimanche, a ajouté le porte-parole. Il appartiendra désormais au président George W. Bush de désigner un nouveau président, une décision que devra confirmer le Sénat américain. En juillet, le président Bush avait déjà procédé à la nomination d'un nouveau juge à la Cour suprême, John Roberts, un juge fédéral proche de son parti républicain, pour succéder à Sandra Day O'Connor, démissionnaire.
Le processus de confirmation de M. Roberts, 50 ans, doit commencer mardi prochain et il paraissait quasiment assuré d'obtenir le feu vert du Sénat. La bataille ouverte par la mort de M. Rehnquist pourrait être plus féroce. Mais tout dépendra en fin de compte du choix de M. Bush, qui avait surpris le monde politique en nommant M. Roberts, un homme inattaquable sur ses qualités de juriste et plutôt lisse sur ses prises de position publiques, notamment sur le droit à l'avortement qui divise encore la société américaine.
CONTRE L'AVORTEMENT
M. Rehnquist, un adversaire de l'avortement, doit son ascension à deux présidents républicains conservateurs. Il avait été nommé à la Cour suprême par le président Richard Nixon en 1972 et désigné à la tête de cette institution en 1986 par le président Ronald Reagan.
Né le 1er octobre 1924, ce fils d'un prospère grossiste de papier d'origine suédoise a grandi dans une banlieue de Milwaukee (Wisconsin, nord) à l'époque du "New Deal" du président Franklin Roosevelt. Il avait servi de 1943 à 1946 comme observateur météo en Afrique du Nord, avant de poursuivre de brillantes études à Stanford et Harvard, de sciences politiques, puis de droit, sortant major de sa promotion. Opposé aux droits des homosexuels, à la "discrimination positive" à l'égard des minorités ou aux limitations pour se procurer une arme, M. Rehnquist était un fervent partisan de la peine de mort et de la religion à l'école.
Longtemps, il a été le juge le plus conservateur de la Cour, n'hésitant pas à rédiger des opinions divergentes sur des décisions tranchées à 8 contre 1, s'attirant le surnom de "Justicier solitaire". En 2000, la Cour qu'il présidait avait en dernier ressort décidé de l'élection présidentielle où chacun des deux candidats refusait de s'avouer vaincu en raison d'un litige sur des comptages de voix. Le tribunal suprême avait rendu un avis, arrêtant le recomptage de bulletins, qui avait ouvert les portes de la Maison Blanche à M. Bush. Le cancer de la thyroïde dont souffrait M. Rehnquist avait été diagnostiqué en octobre de l'année dernière et malgré un traitement lourd, M. Rehnquist avait continué à assumer ses fonctions, la silhouette de plus en plus frêle et courbée. Il avait été admis à l'hôpital d'Arlington à la mi-juillet à la suite d'une fièvre. Très apprécié par ses collègues pour son sens de l'humour et son style décontracté, Rehnquist était célèbre en coulisses pour ses paris sportifs ou ses échanges de devinettes avec ses greffiers.

 

Le Monde septembre 2005