LA FIN DU RPR (et du gaullisme ?)
PARIS, 20 sept (AFP) - Cinquante-cinq ans après la création
par le général de Gaulle du RPF, ancêtre du RPR, le gaullisme
s'apprête à se fondre dans l'UMP, le nouveau parti chiraquien,
mais ceux qui continuent à s'en réclamer estiment qu'il ne
va pas pour autant disparaître.
Avec la fin programmée du RPR samedi et sa fusion dans un parti soutenant
un premier ministre issu des rangs de Démocratie libérale,
Jean-Pierre Raffarin, "le problème est de savoir si les grandes idées
fondatrices (du gaullisme) - rôle de l'Etat, place de l'homme dans
une société de liberté et de responsabilité, modèle
social, choix d'une économie de marché... - vont rester vivantes",
remarque Alain Juppé, président de l'UMP.
Pour lui, "la réponse ne fait aucun doute".
Cependant, "certains s'inquiètent" et se demandent s'ils ne vont pas
se "fondre dans un tout indifférencié", constate Michèle
Alliot-Marie, la présidente du RPR, dans la lettre de la Nation.
C'est une crainte qu'elle-même éprouvait il y a quelques mois,
quand se profilait la disparition de son parti au profit de cette grande
union de la droite et du centre voulue par le Président Jacques Chirac
et mise au point notamment par Alain Juppé, dans la perspective des
prochaines présidentielles et législatives.
La dernière présidente du parti gaulliste tente de persuader
ses militants que le RPR - qui constituera le gros des troupes de l'UMP -
est "le coeur, la force de cette nouvelle union. Le gaullisme, c'est le rassemblement
de toutes les forces pour réaliser une certaine vision de l'homme,
de la société, de la France", dit-elle.
Gaullisme = Pragmatisme
Cette définition du gaullisme, d'autres élus UMP la reprennent
à leur compte, avec leurs propres mots: "Le gaullisme, c'est une attitude
qui se résume à la prééminence donnée
à l'homme et la France", résume Bernard Accoyer, premier vice-président
du groupe UMP à l'Assemblée.
Pour lui, loin de sonner le glas du gaullisme, "la réorganisation
de la droite et du centre pour rendre plus efficace leur action politique
est une attitude pragmatique, donc gaulliste". "De Gaulle a constamment su
adapter sa politique", dit-il.
"Les idéaux du gaullisme n'ont plus à convaincre puisqu'ils
ont déjà gagné", relève le député
de Belfort, Damien Meslot. "De Gaulle ne parlait-il pas de l'Europe de l'Atlantique
à l'Oural? A part Jean-Marie Le Pen et Arlette Laguiller, qui condamne
le gaullisme? Même Robert Hue a fait son apologie!", s'amuse-t-il.
François Goulard, député du Morbihan, qui n'est pas
gaulliste puisque sa famille d'origine, c'est Démocratie Libérale,
assure que la fin du RPR ne signifie pas l'abandon du gaullisme: "Le gaullisme
est un pragmatisme éclairé", résume-t-il.
Seul Nicolas Dupont-Aignan (Essonne), initiateur d'un courant "républicain
et gaulliste" à l'UMP, se démarque: "Oui, le gaullisme est
en danger de mort". Même s'il tempère ses propos en assurant:
"La constitution de l'UMP, et la fin d'un RPR (...) ne vont-elles pas paradoxalement
nous donner plus de liberté pour exprimer notre gaullisme?"